Histoire de l'Irrigation
La Captation de l'Eau

Il y a environ 10 000 ans, l’homme a inventé une pratique qui a révolutionné son existence : l’agriculture.
Cette invention a fait passer des populations entières d’un mode de vie de chasseurs-cueilleurs nomades à celui d’agriculteurs-éleveurs sédentaires, bien plus stable.
Cette révolution est apparue au Moyen-Orient, dans le « croissant fertile » qui dessine un arc entre le sud du Levant et le golfe Persique en passant par la Syrie et l’est de l’Anatolie, l’Iraq et l’Iran.
Toutefois cette révolution était conditionnée par l’EAU!
L’irrigation permet une augmentation des rendements et des revenus agricoles, particulièrement dans les régions arides.
L’irrigation remonte à la nuit des temps. On mentionne cette pratique dans la Bible : “Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin…” Genèse, II,10).
L’irrigation des terres agricoles constitue pour l’homme le premier facteur de consommation d’eau.
Les anciennes civilisations prospères se sont développées près des grands fleuves qu’elles utilisaient pour l’irrigation.
Tigre, Euphrate, Mésopotamie (6500 av J-C)

En complément de la chasse et de la cueillette, le besoin d’irriguer les cultures se fait sentir, alors qu’apparaît la céramique.

L’irrigation commença probablement, à partir d’un coude du fleuve où le bourrelet de berge est entaillé, puis l’eau canalisée à travers la dépression était répandue sur les parties basses (région de Babylone).

Le chadouf (3000 av J-C), appareil à bascule servant à puiser l’eau d’un puits, d’un point d’eau ou d’un cours d’eau. Il sera ensuite employé en Égypte à partir du Nouvel Empire, vers 1500 av J-C.


Construction des premiers barrages (3000 à 2000 av J-C), initialement pour détourner les crues, afin d’étendre les zones cultivables.
Le fermier est appelé « l’homme des fossés, de la digue et des champs » (KRAMER, 1983).
Nil et Egypte. (4000 av J-C)
En Egypte, Les inondations annuelles du Nil rythmaient la vie agricole. Vers 3000 avant notre ère, un système d’irrigation fut créé à partir du Nil pour en détourner une partie des flots vers un lac, le lac Moeris (aujourd’hui lac Qaroum, oasis de Fayum). .
Le Moeris était composé d’un réservoir (le lac), d’un canal d’écoulement, d’un groupe de régulateurs, de prises d’eau, de barrages, permettant de restituer l’eau stockée lors de la crue.

La Perse (1000 av J-C)
Apparition du Qanat, qui signifie « roseau », la variante latine cannalis signifie « qui a la forme d’un roseau » mais prenait aussi le sens de « tuyau, galerie », a évolué vers le terme canal.


Apparition de la Noria ou « roue persane ».



Les pré-Aztèques (1000 av J-C)
Le barrage de Purrón, vallée du TEHUACAN, par exemple, fut construit à partir de 750 avant notre ère, avait déjà des dimensions remarquables 400 mètres de long, 100 mètres de large sur 25 mètres de hauteur, pour un volume d’environ 970.000 m3!
Le Grand Canal en Chine (1200 km de long). (500 av J-C)
Il mesure 1782 km, relie Pékin au nord à Hangzhou au sud, il communique avec les grands fleuves chinois, le Huang et le Yang-Tsé-Kiang.

En Inde et au Sri Lanka, l'adduction d'eau et les systèmes d'irrigation existaient avec des niveaux de sophistication stupéfiants. (600-500 av J-C).
Ils disputent l’invention de la roue persane à l’Iran…
Selon le célèbre écrivain et philosophe Ananda K. Coomaraswamy, Il semblerait que ce système d’élévation de l’eau de puits ouverts ait été inventé en Inde, mais du fait de son utilisation et de sa «découverte» en Iran, alors la Perse, il a été nommé roue persane.

Rome et l’eau domestiquée (312 av JC)
Les aqueducs amenaient chaque jour à Rome, 1 million de m3 d’eau, n’oublions pas le célèbre « Pont du Gard » qui permettait d’alimenter Nîmes en eau.
Premier barrage-voûte: Le Glanum (St Rémy de Provence) (1er siècle av J-C).
A rapprocher de la construction du premier barrage-voûte moderne, œuvre de François Zola, père d’Émile Zola, entre 1843 et 1859 près du premier vers Aix-en-Provence, toujours en service et exploité par la Société du Canal de Provence !

Au Cambodge l’empire Khmer, avec sa capitale Angkor (entre 802 et 1327 après JC).
L’ancienne Angkor était un vaste complexe de temples construits du 8ème au 13ème siècle après JC. Angkor a été qualifiée de première mégapole au monde et de ville hydraulique.
C’était un ensemble d’environ 1000 km², 4 fois plus que New-York, composé d’habitations, de temples, de réservoirs d’eau et de routes.

Le Relevage de l'eau
Quasiment toutes les mégalopoles se sont développées au bord de l’eau.
La maîtrise des ressources en eau a été de tous temps, à l’origine de nombreux conflits.
Historiquement, les hommes utilisaient la pesanteur, la gravité, pour transporter l’eau du lieu de prélèvement aux zones à irriguer: « les canaux dominaient une parcelle ».

Pour optimiser l’irrigation et étendre la surface irriguée il était indispensable de relever l’eau au dessus des sources d’eau.
Les moyens utilisés pour cela:
- chadouf,
- norias,
- vis d’Archimède,
- machine de Marly…
étaient peu pratiques, pénibles, peu efficaces.
Le développement industriel avec l’apparition de pompes motorisées constitua une révolution débouchant sur l’irrigation actuelle.

La Distribution de l'Eau
Habituellement, la technologie de l’irrigation est divisée en deux grandes catégories :
- L’irrigation de surface (non pressurisée ou gravitaire) – canaux, raies, bourrelets, ennoiement, …
- L’irrigation pressurisée (usuellement aspersion) – asperseurs, pulvériseurs, goutte-à-goutte.
Mais l’irrigation par goutte à goutte, ou irrigation localisée, ou micro-irrigation est tellement particulière que beaucoup en font une catégorie à part, d’autant plus qu’étant la plus économe en ressource, elle semble promise à un grand avenir.

Globalement, en parcourant ce tableau de haut en bas, et de gauche à droite, on trouve des techniques plus économes en eau, mais souvent plus onéreuse, donc possibles seulement avec une production à forte « valeur ajoutée ».
Le sujet est d’importance et bénéficie d’une normalisation : entre autres normes ISO 11545:2009 fr et ISO-206702018
Ces trois grands types d’irrigation sont détaillés, ci-après:
- L’irrigation de surface (non pressurisée ou gravitaire) – canaux, raies, bourrelets, ennoiement, …
- L’irrigation pressurisée (usuellement aspersion) – asperseurs, pulvériseurs, goutte-à-goutte.
- La micro-irrigation.